Bon vent aux Croiseurs Médocains !

Voici une interview de Franck dit Bart alias La Singette Missdinguette paru le 02/06/2011 sur Le Mague :

Depuis peu, j’ai découvert un nouveau terrain de jeu encore mieux que les pins. Je grimpe aux mâts à Port Médoc et joue avec les ficelles des voiliers. Plus forte que Tarzan la banane, c’est la Singette qui en jette ! Il y a un monsieur qui s’appelle Will qui est président de l’association des Croiseurs Médocains basée à Port Médoc au Verdon. ll m’a fait dire que les ficelles ça s’appelait les écoutes. Alors forcément je lui ai tendu une écoute branchée sur un micro pour l’interviewer. Fred un récent navigateur très motivé et au mental d’enfer s’est joint à nous Et voilà le résultat, fin mai à Mortagne de l’autre côté de l’estuaire de la Gironde.

Le Mague : La voile habitable qu’est-ce que cela représente pour vous et comment avez-vous appris les rudiments ?

Will : C’est plein de choses (rires). C’est vivre sur l’eau, passer du temps sur l’eau. Et le fait que ce soit habitable, c’est passer beaucoup de temps, des jours des nuits. J’aime bien être seul sur le bateau. Mais aussi, j’aime bien naviguer à plusieurs bateaux. En ce qui concerne les rudiments, j’ai appris en lisant des livres. Quelqu’un m’a prêté un bateau une fois et je me suis jeté tout seul. Autodidacte quoi !

Fred : Pour moi la voile habitable, ça représente le bonheur de week-ends dans le port avec les gens que je connais, ma famille et tout ça. Une certaine tranquillité, la simplicité et cette sensation de liberté que tu as comme possibilité que tu ne prends pas parce que tu as peur. Ça te donne une ouverture. J’ai appris moi aussi tout seul avec les bouquins et avec Will.

Le Mague : Les Croiseurs Médocains basés à Port Médoc au Verdon, quelle est l’histoire de cette association de joyeuses navigatrices et joyeux navigateurs ?

Will : Je dois avoir une bonne part de masochisme en moi, (rires) parce que le milieu associatif je suis pas mal dedans avec les pompiers. J’ai eu l’occasion de côtoyer et pratiquer la voile par le biais d’une autre association dans laquelle je ne me retrouvais plus. Du coup, j’ai quand même gardé l’esprit associatif et décidé avec quelques-uns de fonder les Croiseurs Médocains pour continuer de partager la voile habitable.

Le Mague : Quelles sont les activités des Croiseurs Médocains ?

Will : C’est une association qui prend forme à partir de ce que sont ses adhérent(e)s finalement ! Ses activités : c’est permettre aux adhérent(e)s de se regrouper pour naviguer à la journée, en week-end comme ce week-end à Mortagne même si pour l’instant on n’a pas encore fait plus qu’un week-end, mais ça va venir. C’est que les gens se rencontrent et ça commence à marcher. A Port Médoc, les gens commencent à se connaitre.

Le Mague : Qui sont les adhérent(e)s de ton association et quels sont leurs objectifs ?

Will : Il y a d’une part des gens qui faisaient de la régate et qui en sont revenus parce que c’est contraignant et puis tout le monde change. Certains ont arrêté et la manière que j’avais de leur présenter les choses avait l’air de leur plaire. Il y a des gens qui ont des bateaux et comme disait Fred, ils découvrent la voile et l’idée d’être en groupe, ça permet de faire plus que ce qu’on pense pouvoir faire seul. Les gens sont capables, mais ça permet de sauter le pas. Y’a pas mal de gens qui ne sont pas du coin. Par ce que les gens du coin, ils ont leur maison et montent dans leur bateau. On a quelques exceptions, mais bon ça fonctionne comme ça en général. On n’a pas mal de gens de Paris et la région parisienne et ce n’est pas du tout péjoratif. Des gens de la Charente (Fred opine du chef). On a des Périgourdins, des Toulousains et même des Girondins. Et au niveau social, c’est assez éclectique, c’est varié. Ça devient homogène.

Le Mague : Et pour les gens qui n’ont pas de bateau, quelle place les Croiseurs Médocains accordent aux équipiers et équipières ?

Will : Dans mon esprit, c’est le partage entre bateaux quand on peut. Les régatiers qui ont des bateaux, ils tirent dessus et puis c’est tout. Le bateau il est vide, on n’y vit pas. Là non, les bateaux, ce sont des maisons secondaires. Les équipiers, tant que c’était nouveau on ne savait pas où on allait, maintenant, on commence à voir un peu. Et ce que je dirai désormais aux gens, pour les équipiers, c’est de rencontrer. On a des équipiers qui font déjà parti d’un équipage et quelque part ce serait presque dans cet esprit qu’ils sont sûrs de naviguer. Il y a aussi quelques équipiers, un ou deux qui sont vraiment très qualifiés qui n’ont pas de bateau mais qui pourraient largement naviguer et prendre un bateau en charge. Et comme il y aussi quelques adhérents qui adhèrent pour apprendre la voile. Ce que nous normalement on ne le fait pas, étant donné que l’on n’a pas la qualification. Apprendre à apprendre ça s’apprend. La pédagogie, on l’a ou on ne l’a pas. Les équipiers dans cette situation, le but c’est de rencontrer les gens et se faire une place. Port Médoc et notre association c’est un peu le Far West. Tout est à faire, on part de rien, tout est à construire. Je pense que les équipiers ont leur place.

Le Mague : Port Médoc situé au Verdon où est basée ton association, peux-tu nous parler du cadre de navigation qu’il suggère ?

Will : On peut faire des navigations dans l’estuaire, quand l’océan est trop mauvais. La chose qu’il faut prendre en compte, ce sont les courants. Moi je suis né dedans donc ça va. Après ça s’apprend, il faut faire avec. Il ne faut pas aller contre, il faut aller avec les courants. Quand on part de là, on a 100 km d’estuaire à l’intérieur. On peut aller jusqu’à Bordeaux et on a l’océan derrière qui nous tend les bras. Alors forcément, on n’a pas beaucoup de mouillages. Au-delà de cela, on n’a de quoi passer des navigations à la journée et partir au large. Moi je trouve ça chouette. Il y a bien sûr le passage des passes, mais quand on est raisonnable, ça se passe bien.

Le Mague : Et quand tu ne navigues pas, que t’inspire le Médoc ?

Will : Le Médoc c’est chez moi ! C’est mes racines et encore un peu de tranquillité. Sans faire de protectionnisme, je suis moins excessif que certaines personnes d’ici. Quand je ne navigue pas, j’aime bien emmener des gens de l’association à la pêche. Je fais crime de lèse-majesté avec les puristes du coin. Je montre les bons coins de pêche. Le cadre m’inspire. J’aime les gens puisque je suis du coin et que j’ai plein de copains là.

Le Mague : Justement pour découvrir le Médoc, qu’est-ce qu’apporte la voile plus que le cyclotourisme, le cheval, les ballades ?

Will : Ça apporte quelque chose de différent. On n’en fait pas autant que du cheval ou du vélo. On voit le côté maritime du Médoc, parce qu’il y en a un. C’est en plus du reste. C’est la troisième dimension du Médoc.

Le Mague : Pour rentrer dans l’actualité, quelle part aura l’association des Croiseurs Médocains lors de l’anniversaire des 400 ans de Cordouan, le 11 juin prochain ?

Will : C’est difficile, c’est un peu ambigu ! Du fait de notre association on pourrait dire qu’on a un but de fédérer et d’organiser, mais en même temps ce qui me fait un peu peur, c’est la cohue. En bateau, c’est là qu’on fait des conneries. Les gens des « 400 ans » n’ont pas contacté les présidents des associations. Ils disent faire un mouillage à Cordouan à 17 heures et on voit déjà l’été, quand il y a cinquante bateaux c’est déjà le bordel. Avec les ancres, les gens qui se rentrent dedans…. On a déjà publié l’info, la pub oui, mais à mon avis il y a des risques. Je ne pousserai pas les gens. S’ils veulent, ils s’inscrivent. C’est une bonne idée de le fêter mais ça me fait un peu peur, on n’est pas si disciplinés, on n’est pas habitués à ce genre de manifestation. En plus, ils envoient un bac ! Moi je vais sans doute y aller, sans forcément m’inscrire car je ne veux pas m’ajouter au flot.

Le Mague : A toi le mot de la fin et du bon vent dans les voiles.

Will : Pour ce qui est de l’association, on verra bien, pourvu que ça dure !

LES CROISEURS MEDOCAINS : http://www.croiseurs-medocains.fr